Croissance, récession et choix dans la date

What about downshifting the growthLa définition technique de la « récession » est qu’il faut enregistrer deux trimestres consécutifs de croissance négative. Or, si la France a vu cette sacro-sainte croissance à -0,3% au second trimestre, elle a vu celle-ci redevenir positive à 0,1% ce troisième trimestre.

Cela veut dire que si les trimestres étaient pris un peu décalés (par exemple, un second trimestre qui débuterait en mars et un troisième qui finirait du coup en août), nous serions techniquement en récession. Le culte de la croissance relève décidément de plus en plus de l’astrologie… Vous pouvez faire dire ce que vous voulez aux indicateurs pour peu que vous définitions soient arrangeantes.

Bien entendu, mon propos n’est pas de dire que les ministres et économistes adoptent la méthode Coué pour mieux dissimuler une crise globale. Je suis simplement effaré que l’on puisse être autant focalisé, obnubilé, scotomisé… par un indicateur proche des conjonctions astrales.

Et si l’on voulait ironiser davantage, on se demanderait si la croissance trimestrielle, qui est une variation par rapport au taux précédent, est calculé par rapport à l’année ou au trimestre d’avant.Eh oui ! Imaginons que 2007 parte à 1000. Le premier trimestre est 0%. Vous partez de 1000 en mars, vous avez donc 997 en juin (-0,3%). Quid du +0,1% àest-ce 1001 ou 998 « L’INSEE a choisi la solution avantageuse d’annoncer une croissance trimestrielle.
Si l’on poussait le raisonnement à l’extrême, on peut imaginer un prix fluctuant ainsi:
Un PIB à 1000 points en début d’année (remplacez « point »par million d’euros par exemple)

  1. Catastrophe au premier trimestre: croissance négative de -50%. Le PIB est donc logiquement abaissé à 500 points
  2. Ouf ! La croissance revient. +20% au second trimestre.
  3. Re-Ouf ! La croissance se confirme +20% de nouveau.
  4. Youpi ! La croissance se renforce au dernier trimestre: +30%

Question. Quelle est la croissance sur l’année àCeux qui disent 0 ont raison. Ceux qui disent -6,4 % ont encore plus raison! Les premiers sont des statisticiens. Les seconds des scientifiques…

A propos de rapprochement entre mysticisme et économie (les économistes sont-ils les nouvelles pythies ?) il y a ce texte amusant à propos du fondateur de l’économie moderne Adam Smith. La main invisible de Jupiter ?

Les riches sont conduits par une main invisible à accomplir presque la même distribution des nécessités de la vie que celle qui aurait eu lieu si la terre avait été partagée en portions égales entre tous ses habitants

Eh bien la même « main invisible » est vertement critiquée par le même Adam Smith à propos de la superstition attribuant à la main invisible de Jupiter de guider le cours des hommes.

Allez messieurs les économistes ! Bonnes vaticinations ! Bonnes prophéties ! Elles sont nettement plus amusantes que celles de vos voisins étymologiques, les écologistes !

Laisser un commentaire