De l’éthique chez l’ingénieur: le lobby dévoilé

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renseignements généreux

En tant qu’ancien élève de Centrale, je reçois, bon gré mal gré, des e-mails de la part de différents réseaux associés à cette Grande Ecole d’Ingénieur…

Avec les commerciaux, les ingénieurs font partie des personnes qui raisonnent bien plus en terme de sous qu’en termes de morale. Le dernier email que j’ai reçu du groupe Centraliens Entrepreneurs m’a été envoyé récemment ne fait vraiment pas dans la dentelle.

M. Sabatié Garat a monté il y a plusieurs années un cabinet spécialisé dans les opérations de lobbying, notamment à Bruxelles et organisé un réseau européen pour ce faire. Il a traité de nombreux problèmes liés à l’énergie, au transport, à l’environnement pour intervenir sur des projets de lois ou directives qui impactent la vie économiques de secteurs économiques entiers.

Il viendra le 22 janvier nous exposer ce qu’est le lobbying, pourquoi c’est nécessaire, et c’est largement utilisé, et comment une entreprise peut (ou doit ?) s’engager dans une démarche de lobbying.
Même si des petites entreprises ne sont pas directement concernées, vous avez certainement comme concurrents ou clients des entreprises qui ont recours à ces systèmes ; vous êtes également concernés par des acteurs qui influent sur des lois dont vous serez tributaires : il semble donc essentiel d’y voir clair et de savoir où vous mettez les pieds.

Je remercie donc très chaleureusement ce monsieur d’avoir pu faire du lobby pour que les seuils d’émission dans l’automobile n’aient pas évolué, d’avoir contribué à la contamination OGM et de continuer à promouvoir le nucléaire et le stockage de CO2… oui merci !

Le plus beau, c’est cette tentative de neutraliser le mot lobby en lui-même. En le lénifiant, on insinue que puisqu’on a eu la franchise d’employer le terme, puisqu’on assume, on est donc dans son bon droit.

Je propose donc de remplacer le mot lobby par corruption pour rappeler de quoi il s’agit. Car se faire payer pour faire pression afin d’obtenir des contreparties juridiques ou politiques, cela s’appelle de la corruption. Mais comme d’habitude, la frontière est ténue. On rencontre le même problème avec le glissement communication/publicité par exemple.

Mais allons plus loin. N’est-ce pas la même logique d’imitation (de singerie…) qui pousse à la guerre. Changeons la citation.

Il viendra le 22 janvier nous exposer ce qu’est la guerre, pourquoi c’est nécessaire, et c’est largement utilisé, et comment un état peut (ou doit ?) s’engager dans une démarche d’agression. Même si des petits pays ne sont pas directement concernées, vous avez certainement comme adversaires ou alliés des états qui ont recours à l’armement ; vous êtes également concernés par des pays qui influent sur des lois dont vous serez tributaires : il semble donc essentiel d’y voir clair et de savoir où vous mettez les pieds.

Selon l’adage bien connu qui dit que « la meilleure défense c’est l’attaque« , oublions nos valeurs et précipitons-nous gaiement dans les petits arrangements et les petites combines.

Ah ! Dernier détail, le premier jour à Centrale, tout le monde devait signer une charte éthique de l’ingénieur commise par la CNISF qui est à l’éthique ce que l’ARPP est à la surveillance publicitaire. Ca commence ainsi:

L’ingénieur est un citoyen responsable assurant le lien entre les sciences, les technologies et la communauté humaine; il s’implique dans des actions civiques visant au bien commun.

Ca ne mange pas de pain !

2 réflexions au sujet de “De l’éthique chez l’ingénieur: le lobby dévoilé”

  1. Je n’ai pas eu l’occasion de m’y rendre finalement. Mais en discutant un peu de cela, je me suis aperçu que mes arguments contre la banalisation du mot lobby manquaient de consistance.

    Le petit garçon qui promet d’être sage si on lui donne un gâteau fait-il du lobbying ? Adresser une carte de voeux accompagnée pourquoi pas d’une bouteille de champagne, à son client est-ce du lobbying ?

    Je dirais non (heureusement)

    Plus ambigu, les visiteuses médicales font-elles du lobby ?
    Je dirais oui.

    On m’a objecté par exemple que pendant le Grenelle de l’environnement, les ONG écolos faisaient du lobbying. Bref, le mot est trop large sous prétexte qu’il signifie « faire pression, tenter de convaincre ». Et comment peut-on condamner quelqu’un qui essaye de convaincre. Il communique tout simplement.

    Non la différence se situe plutôt dans le côté secret, officieux de la démarche. Au Grenelle, les acteurs étaient invités et il y a des compte rendus de ce qui s’est échangé.

    Mais un lobbyiste payé par une industrie peut-il publier le nom de cette entreprise ainsi que la liste des législateurs, politiques et journaliste qu’il a démarchés. Le mot lobby vient d’ailleurs des couloirs du congrès américain, là où l’on échange de manière informelle au sein des affaires pourtant publiques.

    Voici donc la formule: LOBBY = SECRET + (INTERET PERSONNEL>INTERET COLLECTIF)

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