De retour des universités négaWatt (le futur a un avenir !)

canards en mareLe week-end dernier s’est tenue la 4ème édition des universités négaWatt. Pour ceux qui ont raté quelques épisodes précédents, rappelons que l’association négaWatt est un consortium d’experts qui prospecte pour un scénraio énergétique jouable. Ils sont à l’origine du fameux facteur 4, qui dit qu’on peut vivre mieux en consommant quatre fois moins d’énergie, en divisant par quatre nos émissions de CO2.

Ironie du sort, le lendemain c’était le 10/10/10 que de savants récupérateurs en communication ont décidé de célébrer sous le mot d’ordre: -10% d’émissions en une année. Comme le dit le site 1010global.org, « Big tasks are easier if broken up into smaller, manageable pieces – and 10% this year is much more tangible and achievable than, say, 80% by 2050″ [Les grands chantiers deviennent plus faciles à réaliser quand on les divise en petites tâches à remplir. Et -10% cette année, c’est bien plus tangible et atteignable que de dire 80% en 2050]

Bref, le 10/10/10 c’est la première marche. On refera peut-être sept fois un petit coup de -10%. En 2015, 2020, 2025, 2030, 2035, 2040, 2045 et hop ! l’affaire est pliée.

Allons ! Cessons d’être sarcastique devant cette enième opération de matraquage ès communication qui n’a au fond que deux intérêts : compter les troupes et organiser des fêtes et des cocktails géants. Voilà, c’est du court-terme, de la sensibilisation light, ce n’est pas mon truc. Et même si je suis toujours exaspéré de voir que BNP, le MEDEF et consorts affichent leurs logos pour l’opération, je ne vais pas taper dessus.

Tout simplement parce que l’avenir se joue ailleurs. En coulisses.

Et que se passe-t-il dans les coulisses àEt bien en France en tout cas, ce n’est pas joli joli. Qui veut encore se souvenir qu’il y a eu un Grenelle de l’environnement àUn peu de respect pour les défunts !

Un exemple tiré au hasard, et exhumé lors d’une table ronde des universités négaWatt. Celui du rapport pondu en plein mois d’août par la France pour expliquer comment elle allait respecter la directive européenne sur les énergies renouvelables. Un vrai devoir de vacances : bâclé, irréaliste et incohérent. Nouvelles amendes en perspective là où d’autres pays européens voient plutôt cette directive comme une opportunité.

Autant le dire tout de suite, les universités négaWatt, c’est technique ! Même si c’est ponctué de bons moments humoristiques et conviviaux, on navigue entre graphes et tableurs.

Qui sait faire les bons cafés ?

Tiens ! Un chiffre utile à retenir. La consommation d’un distributeur de boissons dans un bureau : 3 000 kWh/an. En gros, ca coûte 365 euros au porte-monnaie et 129kg de carbone (je ne rentre pas dans les détails pour savoir pourquoi j’ai retenu un coefficient de 43 g de CO2/kWh… sachez juste que je suis clément envers l’ADEME -cf cahier n?27 de Global Chance).

En résumé, huit distributeurs de boissons sont équivalents à un aller-retour Paris-New-York. C’est ballot non ?

On pourrait ainsi enfiler certains chiffres histoire de mettre à plat les enjeux. Le scénario négaWatt est extrêmement simple dans la mesure où l’on remplit déjà la moitié des objectifs rien qu’avec la sobriété. On aura beau dire que l’on va fabriquer des distributeurs moins énergivores ou qu’il seront alimentés par photovoltaïque, ils auront toujours la mauvaise habitude de faire des gros et des diabétiques, comme le dit Olivier Sidler du cabinet Enertech.

D’ailleurs, si vous ne connaissez pas le bonhomme, ca vaut le détour. En écoutant sa tribune, je me disais deux choses.

1) Que ca peut être bien d’être ingénieur finalement… Suffit juste de savoir pour qui et pour quoi on déballe son ingéniosité. J’avoue être pas mal fâché avec ma formation tant j’ai l’impression qu’elle ne sert qu’à fabriquer des petits soldats pour optimiser cette société suicidaire.

2) Qu’il y a peut-être un business model dans la décroissance ?

Monnaie de singe

Entendons-nous bien. Je ne pense pas que Olivier Sidler soit un partisan de la décroissance. Il fait ce qu’on appelle des ESCOS (Energy Service Company). De toute façon, il faudrait longuement redéfinir la décroissance. Je crois juste qu’il a du bon sens:

  • Je mesure la consommation d’un bâtiment.
  • Je fais un devis pour dire comment je vais pouvoir faire réduire et optimiser cette consommation énergétique.
  • Je fais les travaux.
  • Je mesure après.
  • Je démontre que la bâtiment a fait des économies.
  • Je prends des sous sur les économies ainsi réalisées.
  • Tout le monde y gagne !
  • Sauf EDF bien sûr…

Puis, entendons-nous sur l’usage volontairement provocateur de « business model« . En demandant s’il y en a un dans la décroissance, ne suis-je pas dans la récidive du développement durable àA voir…

Autour de moi, il y a plein d’ingénieurs qui aimeraient faire du Olivier Sidler. Mais faut bien vivre. Alors on finit chez EDF (par exemple). Ce qui est certain, c’est que désormais que le concept de négaWatt est popularisé, il faut voir comment on fait vivre celui de négaEuro !

Y a-t-il un business model dans la décroissance ? Ce sera le thème notre fête pour les 3 ans de la SCOP eco-SAPIENS, le vendredi 3 décembre à Marseille. Avec (peut-être) un invité prestigieux dont on a déjà parlé !

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