Diego Buñuel et le fantôme de la liberté

Diego Buñuel est sans l’ombre d’un doute un bon journaliste et il a de la chance. Il est aussi le petit-fils de Luis Buñuel, célèbre pour son cinéma surréaliste avec notamment Un chien andalou.

Dans un autre film, Le fantôme de la liberté, il y a cette célèbre scène où les convives s’assoient à table mais sur des cuvettes de toilette. Au lieu de manger, ils font la petite et la grosse commission tout en discutant. Et doivent s’excuser pour s’éclipser, en demandant d’un air gêné « où se trouve la salle à manger ? »

Une scène d’anthologie, entre  le comique et l’absurde, que je vous conseille de regarder pour comprendre l’état d’esprit de Buñuel. On y captera même quelques répliques intéressantes sur la quantité de déchets toxiques liés à l’activité humaine.

Alors, on se réjouit de voir le petit-fils lui aussi prendre la caméra pour un reportage diffusé récemment en prime time sur l’impact du téléphone portable.

Il lance un nouveau concept, « Boomerang  » : une collection de documentaires de 90 minutes diffusés en prime time sur Canal+ et qui retracent le parcours de nos objets ou petits plaisirs quotidiens pour nous montrer ce que leurs fabricants préfèreraient que nous ignorions tout en apportant un éclairage positif au travers de solutions éthiques et responsables. Le premier épisode est consacré au téléphone portable, le second aux barres chocolatées industrielles.
Wikipedia

Diego, véritable reporter déjà engagé sur des fronts de guerre et parfois en immersion totale pour d’autres reportages, aborde ce sujet essentiel du téléphone portable. Pillage, pollution, braconnage etc… Un magnifique documentaire à visionner pour illustrer ce que nous savons sans nous l’avouer sur ce « gadget de destruction massive ».

On imagine que quand on a fait l’expérience vivante et mené un travail pédagogique permettant de relier nos actes de consommation à leur impact (social, environnemental, sanitaire), on devient un peu réticent à changer de smartphone tous les ans.

Eh bien non !

Fidèle à la tradition absurde familiale, Diego Buñuel a choisi de faire la pub pour le dernier Samsung Galaxy Note. Si si c’est bien lui. Diego Buñuel pourfendeur du téléphone portable dont la promotion est assurée par Buñuel Diego.

Un atavisme ou peut-être simplement l’appât du gain auront eu raison de sa liberté fantôme !

 

On attend encore la publicité de Gilles-Eric Séralini pour le round-up, celle de José Bové pour  McDo et celle de Jean-Pierre Coffe pour LeaderPrice (ah non ca c’est déjà fait !)

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Edit : Diego a réagi et me demande d’apporter cette précision :

Bonjour Baptiste,
C’est Diego Bunuel, le réal et petit fils. Votre article aurait fait bien plaisir à mon grand père justement. J’ai trouvé la mise en perspective très juste et très bien exprimée. Je voulais juste aussi vous dire que j’ai fait cette pub qui m’a été demandé par National Geographic qui produit aussi mes documentaires. J’ai décidé de la faire pour pouvoir reverser mon salaire à deux ONG. Tout d’abord HUMAN RIGHTS WATCH, qui est une des sources majeurs de nos informations et SYNERGIE FEMMES une association qui accueille les femmes violées du Nord-Kivu. Voilà j’espère que grâce à ça je n’aurais pas a rougir de mes actions publicitaires. En revanche si vous pouviez apporter ces précisions sur votre blog j’en serais ravi. Bien à vous, D.

 

1 réflexion au sujet de « Diego Buñuel et le fantôme de la liberté »

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