Gerard Bertrand et le vin bio subliminal

Attention : ce billet n’est pas du publi-redactionnel. C’est pas le genre de la maison…

Quand on aime le vin, qu’on tient à sa santé, qu’on est écolo, et qu’on a pas la chance d’avoir un caviste engagé près de chez soi, on se rabat souvent sur la « sélection » bio de son supermarché. Deux Bordeaux, un Côte-du-Rhône, parfois un Bourgogne  et qu’on reconnaît à un petit carton vert glissé sur le col de la bouteille…

Invité à une soirée, vous devez ramener à boire et vous voilà donc en face-à-face pendant de longues minutes devant ce choix pourtant limité. Or, depuis des années on trouve fréquemment des bouteilles de Languedoc « Gérard Bertrand ». A côté du label AB, on y lit la signature « Le vin autrement ».

Et je dois avouer que Gérard Bertrand m’a sauvé la mise plus d’une fois. Prix abordable, seul vin bio dispo en rayon chez les enseignes urbaines, pas mauvais (pas incroyable non plus) ca permet de rester fidèle à ses convictions sans paraître intégriste à la soirée. Si vous vous êtes organisé pour passer par exemple à Biocoop et que vous avez déniché un vin biodynamique Demeter, prenez garde… Selon votre public, vous aurez peut-être à raconter ce qu’est ce label, la biodynamie et si vous vous aventurez à parler de la lune et des cornes de vache, vous aurez de graves problèmes devant un auditoire non averti…

Mieux vaut parfois jouer l’anonymat…

Bref Gérard Bertrand, je le connais que pour son vin qui m’a bien dépanné. Et j’ai découvert que c’était un ancien rugbyman. Sur un vieil article de 1998, j’ai pu lire qu’il a cessé le rugby pour reprendre le domaine de son père victime d’un accident et d’une grave blessure liée au sport. De Narbonne (dont il a été plus jeune capitaine du club), il s’est mis en tête de valoriser les vins du Sud à partir du domaine des Corbières.

Une belle histoire quand même. Une success-story comme on les aime, surtout si on aime le vin, le rugby et le Languedoc. Il vend tout de même 10 millions de bouteilles, 50% à l’export dans 65 pays. Même si 20% de son activité est bio, il est indéniable qu’il oeuvre concrètement pour une oenologie réellement engagée.

Autrement est une collection de 6 cuvées dont 4 Vins de Pays d’Oc et 2 vins d’AOC Corbières et Languedoc, toutes certifiées AB par Ecocert, label de référence des consommateurs sur le marché français.

Et la volonté est aujourd’hui de passer en biodynamie (certaines parcelles le seraient déjà, comme le domaine de Cigalus). On applaudit !

Dernièrement, un lecteur fidèle m’a envoyé ceci.

Bon. Et alors ? Il n’y a pas de label AB et puis voilà.

Sauf que, lui aussi certainement imprégné de l’idée Gérard Bertrand=Autrement=Bio, voici ce qu’il a vu:

 

Il a lu vite et il a lu « Bio ». 3 lettres révélées dans le secret des pétales… Volontaire ? Faudrait pas être parano. Cependant, on peut chercher longtemps dans la nature des fleurs qui ressemblent de près ou de loin à celles ici dessinées.

De quoi se demander si cette illustration n’est que le fruit d’une imagination hasardeuse.

En tout cas, si c’est voulu, je ne dirai pas qu’il y a tromperie. J’y verrai une sorte de message subliminal cohérent : « cette bouteille ne peut pas ici prétendre au label AB, mais on y travaille pour de vrai ! »

PS : un billet qui permet de rappeler que la dernière étude sur les pesticides dans le vin est encore alarmante. Générations Futures et Que Choisir confirment donc chaque année ce que nous savons. Boire du vin (non bio) est réellement dangereux pour la santé !

Cette histoire me rappelle cette rumeur expliquant que les paquets Marlboro contenaient des indications secrètes sur le KuKluxKlan…

Ou encore De Gaulle sur les boîtes de Vache qui rit…

Mention légale : le vin bio est à consommer avec modération. On en référence du rouge et du blanc.

9 réflexions au sujet de “Gerard Bertrand et le vin bio subliminal”

  1. Votre article me fait penser à une excellente BD sur le sujet: « Les ignorants » d’Etienne Davodeau. Ou quand un vigneron en biodynamie et un auteur de BD échangent leur savoir-faire. Excellent!

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  2. Je suis amateur de vin, a priori plutôt écolo (puisque on me traite régulièrement d’écolo!) et je me soucie de ma santé (et puis aussi un peu de celle des autres, de la terre, etc…). Mais là je m’y retrouve pas ! En terme d’écologie globale, y a plusieurs trucs qui me paraissent pas très cohérents dans cet article autour de ce vin :

    faire la promotion d’un vin en grande majorité distribué en supermarché qui n’ont des rayons bios et locaux que pour attirer les gens et mieux leur vendre leur marque de distributeur ou tomates d’Almeria en promo

    un domaine géré par un homme d’affaires qui rachète tous les domaines alentours pour (faire) cultiver 470 hectares (« 3 petites fermes en valent mieux qu’une grande » selon la confédération paysanne – Là, on est à facilement 10 fermes!)

    à priori, à peu près la moitié de ses ventes proviennent de négoce également : tu parles dans l’article de 10 000 000 de bouteilles ce qui correspondrait à 800 ou 900 hectares

    20 % de bio : mouais, mouais, mouais… on appelle ça une « niche commerciale » « Il faut dire que Gérard Bertrand ne laisse passer aucune tendance : vin bio, biodynamiques, sans souffre… Une réactivité qui semble porter ses fruits. Si son chiffre d’affaires en témoigne (45 millions d’euros en 2011), les récompenses internationales pleuvent aussi sur son petit empire. » (Article du Midi Libre : http://www.midilibre.fr/2012/12/04/une-cave-signee-gb,605662.php)

    le coup de la fleur qui dit « bio » me parait vraiment être un message subliminal marketinguement parlant très bien vu et très efficace – ça reste un avis (comme le reste d’ailleurs!)

    Et puis, dire aux gens d’acheter du bio dans la Grande ou Moyenne Distribution ou les enseignes de plus petite échelle, pourquoi pas ? Si on pense que ça prend plus de temps d’aller ailleurs. Cela-dit, ça resterait vraiment à prouver ! Mais pour le vin, quand même : c’est pas périssable, on peut stocker 6 ou 12 bouteilles sous un lit quelques mois sans trop de risque ! Du coup, y a vraiment moyen d’aller passer une demi-heure chez un bon caviste de temps en temps et se procurer un vrai vin typé et conseillé avec l’histoire qui va avec à raconter lors de la dégustation (c’est aussi important que le contenu, je suis bien d’accord).

    La BD de Davodeau « Les Ignorants » est un superbe support pour avoir une initiation (poussée) à ce qu’est la viticulture biodynamique (moins pour la vinification).

    En conclusion, buvez du vin des faucheurs volontaires (ça c’est de la publi-information… assumée) !
    Ou le vin biodynamique d’Anne Deplaude (Tartaras, 69) ou le vin nature de Gilles Azzoni (Saint Maurice d’Ibie, 07).
    […]
    Désolé pour cet avis un peu tranché. Mais je dois vous avouer qu’à la lecture de chacun des articles du blog, je veux laisser un commentaire pour abonder dans votre sens et/ou compléter les infos et que, généralement, je me retiens. Mais là, j’ai pas tenu !

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  3. Le vin contient une quantité importante d’éthanol qui est un produit cancérigène et reprotoxique avéré. N’y a-t-il pas une contradiction à consommer du vin dit « bio », quand 11 à 14% de son contenu est de l’éthanol ?

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  4. Bonjour J,

    Bonne remarque ! Encore une fois ce qui est bio dans le vin, c’est le raisin, pas la vinification.

    Il semble quand même que c’est la consommation répétée d’ethanol qui est cancerigène. De même que les effets teratogènes n’apparaissent qu’en cas de consommation pendant la grossesse.

    A l’opposé, peut-on appeler « boisson energisante » des boissons à base de taurine qui à terme… vous enlève toute énergie vitale ?

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  5. Oui il est possible d’être un homme d’affaire brillant et un homme engagé dans une démarche fidèle aux fondements du développement durable.
    Souvenons nous de ce qu’était les vin du Sud il y a quelques années.
    Gérard Bertrand fait partie de ces hommes engagés dans une démarche loyale en qualité et en prix.
    Le passage par la grande distribution est à ce jour incontournable. Savoir qu’on peut y trouver les petites merveilles de Gerard Bertrand est plutôt rassurant.
    Bravo à l’auteur de l’article de ne pas oublier que le plaisir de partager un bon vin est une des belles joie du vivre ensemble.
    Hans

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