Green, film bouleversant sur l’Indonésie, son bois, son papier, son huile de palme

Green-053Autant préciser, ce sont les tripes qui vont parler.

Vous savez toutes ces choses qu’on dit sur la déforestation en Asie du Sud Est. Mais si ! Vous savez. Le bois exotique, le brûlis généralisé pour l’huile de palme, le papier toujours plus brillant. Oui nous savons tout cela. Nous savons bien que c’est une catastrophe écologique. Et alors ?

Et alors c’est à croire que nous oublions aussi vite que possible toutes ces choses. D’abord parce qu’il faut bien penser à autre chose. Parce que ces choses, en réalité, sont insoutenables et qu’une vie entière ne suffirait pas à effacer ces mauvais souvenirs.

Alors une piqûre de rappel pour regarder la réalité en face.

Prenez 40 minutes pour regarder Green The Film. Je vous garantis que c’est salutaire. Oh pas d’histoire de culpabilité (« mince ! dire que j’ai acheté une belle table de jardin… »). Non non ! C’est une question de courage, de lucidité, d’honneur presque !

Voir nos cousins Ourang Outang, homme de forêt, tramatisés, déboussolés, hagards comme des rescapés concentrationnaires, c’est presque insoutenable. Bien sûr, je sais que l’image peut mentir.

Et que les effets de style sont parfois faciles: des petites musiques jazzy pour illustrer le business pimpant du bois exotique, de l’huile de palme, du « bio-diesel » et du papier; des plans rapprochés, intimes et muets sur le primate alité. Je sais cela.

Green-102Il n’empêche que ces images, je les découvre après avoir lu ce qui dans les chiffres est déjà une tragédie. On dit que ma génération ne connaît pas la chance qu’elle a de ne pas avoir connu la guerre. Parfois, je me dis que chaque époque a son lot d’atrocité. Et son lot de complicité. Ma génération n’a pas connu la guerre peut-être. Mais elle la vit tous les jours en regardant le monde agoniser.

Il est toujours malvenu de comparer avec les désastres du XXème siècle (et des autres d’ailleurs !). J’espère cependant que, de même que ma génération fut choquée de voir les images noir et blanc des tranchées ou des camps, de même la future génération sera choquée en voyant greenthefilm dans 20 ans.

Quoi papa ? Tu achetais des produits avec de l’huile de palme ?

Les bien-pensant répondront qu’il est prétentieux de juger ce qui se passe dans les pays dits émergents. Qu’il est indécent de ne pas les laisser accéder au niveau de vie occidental. Ils se trompent à double titre.

D’abord, ce confort est tout relatif. La pauvreté existe bel et bien chez nous. Mais c’est un débat trop spécieux pour être traité sur un billet de blog.

Ensuite, je pose la question. Quand l’Amérique du Sud sera un continent de soja pour nourrir nos vaches, que l’Asie sera un continent de palmiers à huile pour fournir nos meubles futiles, nos magazines inconsistants et nos graisses insipides, que la Chine sera définitivement l’usine à breloques du monde, sur quels territoires vierges pourront nous compter pour continuer dans cette fuite en avant ?

L’Afrique « La Sibérie « L’Antarctique « L’Europe ?

Tout ceci ne mène nulle part, c’est évident.

Je sais que c’est ridicule mais j’ai envie de dire pardon aux grands singes. Que cela s’est joué à rien. Si l’australopithèque était resté dans la savane et que l’Ourang Outang avait fabriqué le silex, nul doute que les rôles seraient inversés. Un Ourang Outang écrirait ceci, se demandant pourquoi son espèce est, malgré les apparences, si idiote.

Cette parenthèse pour défier ceux qui accusent certains écologistes d’être dans le mythe du bon sauvage. Je ne crois pas au bon sauvage. Et je ne crois plus au bon civilisé…

Place au film

Et pour les chiffres, c’est explicite sur le site greenthefilm

15 réflexions au sujet de “Green, film bouleversant sur l’Indonésie, son bois, son papier, son huile de palme”

  1. C’est à faire vomir, et le pire c’est qu’on joue tous dans ce film d’horreur.

    L’huile de palme se trouve dans des produits qu’on ne soupçonnerait même pas, j’ai fait un article à ce sujet pour ma boite http://blog.imprimerie-villiere.com/2009/09/encre-vegetale-ecolo-imprimerie

    Pour apporter une lueur d’espoir, je ne saurais que trop conseiller à chacun d’utiliser du papier ou du bois certifié FSC. Ce label est très stricte en matière d’environnement, il respecte la biodiversité, les ethnies en place et gère la coupe de façon responsable. Des solutions existent mais le consommateurs n’est pas assez informé.

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  2. Loin de moi l´idée de jouer les troubles-fêtes car ce que tu dis dans ton billet, cher Baptiste, n´est on ne peut plus vrai.
    Cependant, à l´instar du fait que « La pauvreté existe bel et bien chez nous », la guerre, si ce n´est en Indonésie, est un désastre qui continue à faire rage au XXI ème siècle. Ainsi, je ne suis pas en accord avec la phrase « ma génération ne connaît pas la chance qu’elle a de ne pas avoir connu la guerre », car bon nombre de nos conscrits, dans ces pays dit émergents, ne la connaisse que trop bien !

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  3. Cher Urus,

    Oui vous avez tout à fait raison. La guerre est là, omniprésente, sous d’autres formes bien entendu. Plus de tranchées mais des morts imbéciles qui nous donnent envie de fredonner Brassens.

    @Mickael
    Merci pour ce lien et cette révélation à propos des encres végétales. A creuser. J’ai bien peur en vous lisant de ne pas être aussi optimiste sur le rôle du CIRAD.

    « En ce sens, les espoirs de voir un jour une culture du palmier à huile durable et respectueuse de la biodiversité sont entre les mains de l’institut français de recherche agronomique, le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). »

    J’ai déjà longuement échangé avec un chercheur de ce centre de recherche ( http://www.eco-sapiens.com/blog/il-est-pas-frais-mon-panga/ ) et en connaît quelques uns qui sont passés par là pour savoir que cet établissement est encore schizophrène.

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    • Bonjour Ian,

      C’est justement une question que nous avons soumise récemment aux deux organismes de la bio.
      Nous aussi sommes très curieux de savoir comment ce miracle est possible.

      J’espère que nous pourrons faire très prochainement un dossier sur eco-sapiens.

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  4. triste constat …. bouleversant …a nous de consommer moins , mieux , et reflechir plus .

    il est temps de vivre plus simplement , agir , l addition de petites actions maintenant permettrons de laisser un peu de nature a nos enfants et aux animaux .

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  5. J’ai honte. Comment peut-on en arriver là. N’est-ce pas notre égoïsme et notre société de consommation qui nous rendent aveugles, insensibles, irresponsable tout court envers notre terre et tout les autres êtres vivants. Qu’on me dise au nom de quoi l’orang-outang doit subir les conséquences. Je suis triste et je voudrais tellement participer au sauvetage de cet animal paisible. Sans vouloir culpabiliser les Indonésiens, on devrait les obliger à assurer la protection de cet animal en oeuvrant pour une protection respectueuse de l’environnement.

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  6. j’aimerais comprendre pourquoi on ne parle jamais de la surpopulation humaine.La Terre peut elle contenir 7 milliards d’habitants? je ne crois pas.
    j’aimerais savoir si l’huile de palme bio contribue à la déforestation (ex huile de palme léonor greyl)qui se dit bio et respectueuse de l’environnement
    Merci et bravo,bravo pour ce film et bouleversant

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  7. @sel,
    en fait le problème avec l’environnement c’est qu’on pense parfois faire du bien à notre planète en choisissant une alternative de consommation (ou de production), et il s’avère au final qu’on empreinte une fausse piste… à nous de savoir faire les bons choix, ou de revenir sur nos pas pour changer de chemin !!

    Concernant ta question sur l’huile de palme Bio (mais Baptiste pourrait te répondre également), effectivement, c’est un non sens puisqu’on va te proposer un produit qui a nécessité qu’on détruise peut-être une forêt pour installer une mono-culture. La biodiversité en place s’en trouve bouleversée.

    Pour ta question sur la surpopulation, j’ai abordé le sujet http://blog.imprimerie-villiere.com/2010/04/demographie/ avec le plus de détachement possible, j’espère que tu trouveras des éléments de réponse à cette question délicate.

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  8. je répond, au sujet de l’huile de palme bio, non elle ne fait pas partie de la déforestation, mais elle reste toujours, nocive pour la santé, donc à vous de conclure, pour moi c’est clair!!!!!

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  9. Connaissez vous le nom et les auteurs des 2 livres cités a la fin du documentaire diffusé dimanche soir sur France 5?Ce film est boulversant. Les livres traitent de l’huile de palme et des autres produits »bio » a eviter. Merci pour l’info.

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  10. @sel,
    j’ai peut-être parlé trop vite (merci buzier).

    Effectivement, on peut voir la chose de la façon suivante : les plantations de palmiers peuvent venir en remplacement d’autres cultures déjà en place… à ce moment là, ça n’a plus d’effet sur la forêt mais ça en a toujours sur la santé : +1 !

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  11. quelle horreur de faire partis de cette espece qi est l homme qui est en train de tout detruire sur son passage j aimerais connaitre les listes de produits a ne surtout pas acheter.merci d avance….ce film est boulversant

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  12. J’ai trouvé la reponse a ma question sur les livres et je vous invite a lire pour mieux consommer!
    Les livres présentés en fin d’émission sont  »Vu du ciel : quand les hommes s’engagent pour la nature », et  »1000 façons de consommer responsable ». Ces deux ouvrages sont de Yann Arthus-Bertrand et sont édités chez Éditions de la Martinière.

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