La suite s’il vous plaît !

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Drôle de billet que celui-ci…

Et ils travaillèrent heureux…

blanche-neige-mecaniqueTout le monde aime les belles histoires. Les enfants aiment quand, dans les contes, après le danger et la peur, vient le happy end.
« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants« .

Les adultes ne sont que de grands enfants. Quand on leur annonce que l’on va écrire un chapitre avec des ingrédients coopératifs, écologiques et éthiques sur Internet (danger, peur) , ils attendent le happy end moderne :
« ils travaillèrent heureux et gagnèrent beaucoup d’argent« .

Mais la vie n’est pas un conte de fée car l’entreprise est un un compte de résultat…

Les affaires se corsent et tant mieux d’ailleurs car les contes sont toujours trop lisses (d’où l’idée d’en avoir réécrits…).

Alors on passe à l’écriture du deuxième chapitre. On se renouvelle comme on peut, on change de style, on appelle même de nouveaux personnages pour faire rebondir l’intrigue. On annonce quand même que le happy end ce ne sera pas le « beaucoup d’argent » mais rassure, ce sera quand même une belle histoire parce qu’il y aura des rencontres, des enseignements, des expériences, des rigolades, des épreuves… la vie quoi.

Nous avons créé la coopérative eco-SAPIENS en 2007, suite à une idée qui, comme toutes les bonnes idées, est née un soir arrosé sur le Pont des Arts. Il y a bien sûr Benjamin et moi. Il y a Françoise for all. Il y a ma sœur Sabine. Il y a Martine forever. Il y a tous ces investisseurs initiaux et bienveillants pour croire en nous au départ, doctes ingénieurs mais sans le sou, sans réseau et sans expérience professionnelle. Fallait vraiment qu’on ait l’œil qui brille pour que les gens croient en nous !

elephant-obstacleGénérique et teasing

Il y a ceux qui sont passés et à qui on a modestement retourné le cerveau. Parfois quelques semaines, parfois des années : Pauline, Doris, N’Gamet, Jonas, Aurélie Orel-San, Yannick, Emilie, Sonia, Gwenaëlle, Stéphane et Benoît.

Il y a le flamboyant Minh aussi 😉

Dans quelques jours, Aurélie La Grande et Benjamin partent vers de nouvelles aventures.

Pour ceux qui veulent tout savoir, Benjamin va commencer par s’occuper d’éléphants au Laos. Quelque chose comme ça.

Autant dire que cela fait bizarre. Me voilà un peu comme la Vestale, chargée d’entretenir le foyer (eco) avec sagesse (sapiens) en attendant que…

paquebotEn attendant quoi au juste ?

En effet, depuis l’annulation de notre levée de fonds avec WiSeed (prompt à financer des start-ups innovantes genre EDF ou un aéroport public… mais effroyablement longuet pour nous planter au dernier moment…) nous nous sommes accrochés de liane en liane pour maintenir la coopérative à flot.

(Difficile de cacher l’amertume tant, à titre personnel, j’ai la sensation d’avoir été trahi et même d’avoir embarqué des copains dans l’aventure ( Symba, La Louve, Biocoop… on en parlera une autre fois).

Donc nous maintenons le navire à flot. eco-SAPIENS est aujourd’hui comme une page blanche qui aurait remonté le Rhône et le Canal du Midi.
Un seul rescapé, les autres sur les canots.

Et comme chantait Brassens :

Le capitaine crie : « Je suis le maître à bord !
Sauve qui peut ! Le vin et le pastis d’abord !

En un mot, eco-SAPIENS est bien vivant mais on a rentré spi et grand voile…

Du coup, permettez-moi de vous livrer quelques réflexions intimes qui peut-être vous donneront l’envie d’écrire quelque chose sur cette page.

Une petite histoire de l’éco-conso et du web

fidelLe paysage de 2014 est bien différent de celui de 2007 quand nous avons lancé le guide d’achat éthique eco-SAPIENS. Les alternatives à la conso existent depuis bien longtemps et des salons réputés (Primevère à Lyon par exemple) étaient incontournables mais n’avaient pas de visibilité sur le web, hors des réseaux convaincus.

Sur Internet, on trouvaient quelques initiatives (déco du commerce équitable, mode éthique, cosmétiques bio, puériculture écologique…) mais tout ceci était disséminé. Notre hobby, c’était de rassembler tout cela, de le trier, de l’évaluer et d’en faire une offre consistante et cohérente. Et tous les acteurs de gagner en visibilité.

Parallèlement, sur le web, les réseaux sociaux n’existaient pas. Google régnait en maître de la distribution de trafic. On comparait le pagerank et on cherchait des backlinks pour mieux ressortir en première page. Nous avions la chance de produire pas mal de contenu à nous (dossiers, actualités, fiches marques) qui répondait à de vraies questions émergentes.

Je me souviens d’une de nos premières questions sur le forum, pour savoir si les lombrics, esseinia california, vendus par une de nos boutiques, n’étaient pas des vers exotiques. J’avais été demander à un spécialiste universitaire des lombrics pour avoir la réponse

elle-est-green-229x300Il y avait donc un foisonnement d’alternatives que beaucoup de Français découvraient et, même si la littérature existait probablement, elle n’était pas dispo sur le web. C’était comme un eldorado et c’était passionnant.

Il y avait le salon Planète Durable, le festival Science Frontières, l’Ethical Fashion Show et les green drinks… Autant de signes « mainstream » qui laissaient présager que la société française basculait. On a même posé dans Elle Magazine avec Marion Cotillard… Si ce n’est pas la consécration !

En 2009, il y a la douche froide du sommet de Copenhague. C’est à dire que le monde politique international a dit « Suffit ! Business as usual ». Et le business avait pourtant dit « suffit ! » l’année d’avant avec le début de la crise financière, la faillite de Lehman Brothers.

Coup de grâce propre à eco-SAPIENS, il y eut ce coup de téléphone de Google (Irlande) nous sollicitant pour acheter des mots clés  (AdWords). On fait un peu les malins en disant qu’on aime pas trop les modèles publicité sur Internet. Et le nouvel algorithme de Google nous sucre une bonne moitié de trafic dans les mois qui viennent. Hasard ou coïncidence…

En gros, de 2010 à 2014, nous avons redoublé d’efforts et fait comme tout le monde : revoir le commercial et le marketing, délaisser les zones non immédiatement rentables (la production d’information) et réduire nos dépenses de communication.

On a vu tous les copains, les partenaires, les concurrents tomber comme des mouches les uns après les autres. Tiens dernièrement, c’est GreenRepublic, qui s’était relancé pour passer de boutique à marketplace, le soi-disant graal du e-commerce, qui a planté… pour se faire racheter par le mastodonte Greenwizz, la structure capable d’encaisser un million de pertes chaque année…

via-sapiens-pubDe notre côté, et c’est peut-être la force du modèle coopératif, à savoir des associés-salariés qui s’accrochent, eco-SAPIENS avait trouvé un équilibre. Mais vivre ainsi devient lassant et c’est pour cela que nous avons lancé via-sapiens ce qui impliquait de lever un peu d’argent.

En 2007, on n’était rien et le crowdfunding n’existait pas. Nous étions parvenus malgré tout à réunir 35 000 euros de capital extérieur (ce qui nous a quand même permis de salarier environ 4 personnes pendant 7 ans…).

En 2014, on revient à la souscription avec quand même un peu plus de bouteille, un site internet, une marque; bref on est un peu plus à l’aise pour solliciter des investisseurs. Et comme on est devenu paresseux, on veut bien passer par les professionnels du secteur. Et là les galères commencent… Des fonds économie sociale et solidaire qui ne vont pas dans le numérique car trop risqué, des fonds numériques qui ne vont pas dans l’éthique car trop peu lucratif. Et donc une expérience malheureuse avec WiSeed qui nous tétanise.

Alors quelle est la place d’eco-SAPIENS après 2014 ?

Nous avons plaisir à faire des sujets de fond sur l’éco-consommation, comme peuvent en faire nos amis belges d’ecoconso. Mais voyez-vous, cela est coûteux et relève peut-être d’avantage d’une délégation publique. En même temps, quand on voit le guide des labels façon ADEME… on est forcément tenté de rectifier le tir… Précisons que nous n’avons jamais reçu de sous pour Les Bons Labels et les Truands. C’est pour la cause comme on dit !

Bref, proposer une info indépendante et de qualité sur l’éco-consommation, c’est compliqué pour une structure privée. Et certains médias font bien le boulot.

Le comparateur doit quant à lui continuer d’exister. Il doit se moderniser aux nouvelles normes en vigueur sur le web.

Enfin, sur le tourisme et les loisirs, le portail via-SAPIENS est mis en stand-by. Qu’en faire ? Le vendre ? Le relancer ? Le passer en open, à la manière des wiki ou des OpenFoodfacts ?

Peu importe, le seul objectif qui nous gouverne, c’est celui qui est écrit en tant qu’objet social dans nos statuts :

« Promouvoir des modes de vie compatibles avec un développement dit durable« 

Nous sommes ouverts à toute proposition !

 & joyeuses fêtes !

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Aurélie, Benjamin et Baptiste

8 réflexions au sujet de “La suite s’il vous plaît !”

  1. Well, pas facile de muer, de muter et pourtant c’est ce qui fait que vous comme nous, on est encore là (prêt à foutre le souk). Vous faites mention de tous ceux de la mafia bio équitable qui sont partis, nous laissant seuls à tenir la barre et nous confiant l’énorme responsabilité de ne rien lâcher, de rester intègres et cohérents. L’envie me prend d’en citer quelques-uns afin de les saluer et leur dire que leur combat n’a pas été vain et qu’on le continue …
    EtykMoi, Au Cabanon Equitable, Confidences, Equisol, Azimuth, Le Local, les effets papillons, Ideo, Tudo Bom, Sous le Cerisier, Ekitoo, Ethos, Comptoir Ethique, Epice, Greenzer, Voice-TM, Harmonie, EcoStep, A deux pas des champs, Ondine, La Volupte, Reshape Music, Miam, Les Xanthines, Eccodi, Plan bio, Zone Verte, Le Saint Jus, Tout l’or du mo nde, l’Angeliere, Comequi, De l’art dans la soupe, Azahé, Casa Malkie, Cahina, Monik couture, PoelEthik, le Moulin des murailles, District Solidaire, Net Ethik, Acesa, Paris Equitable, Lhamo Asie Ethique, Transp’art CE, Idem en vert, Espace Afrique, Naturopolis, Echoway, Ancanza, Manawee, NetinSitu,Terakota, Terranga, Poulpiche, Fair Trade in Europe, la maison équitable, Biopromo, Andira, Comptoir à part, Ethnica, tous les AlterMundi de province (même si c’est une autre histoire) … j’en oublie sans aucun doute.

    Je voudrais aussi faire coucou aux autres copains qui ne lâchent rien et qui sont encore là (prêt à foutre le souk) : Laspid, Quat Rues, Casayan, Marron rouge, Origeen, Roboscop, El Market, Vert Midi …

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  2. @lepicier

    J’avais justement rêvé d’écrire le nom de tous ceux que l’on a croisé, comme tu l’as fait. Des noms comme BacthiBatcha, Seyes, Machja, Babyo, et la centaine d’autres qui figurent dans nos clouds…

    J’ai tenté de faire un billet qui ne soit pas que « nostalgie ». Trop peur d’être classé comme ces « vieux schnocks » alors que la nouvelle vague est fantastique… et qu’on a pas dit notre dernier mot !

    Merci à toi.

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  3. Les choses ont effectivement bien évolué depuis 2007, on parlait de commerce équitable, relations nord-sud, local, circuit court….
    La crise, l’appropriation de ces valeurs par des grandes enseignes, le détournement et parfois le syphonage de sens par d’autres… ont modifié les comportements, parfois en bien, parfois en mal.
    Merci à l’Epicier d’avoir pensé à ceux qui ont arrêté, bravo à ceux qui continuent. A vous l’équipe d’Eco Sapiens, bravo, courage et prenez soin de vous ! Vous faites partie des gens qui m’ont permis de penser qu’on n’est pas seul à vouloir changer le monde.
    Cette envie de « changer le monde » est toujours là, je suis certains qu’après avoir essayé de changer les comportements des consommateurs, beaucoup de ceux qui ont arrêté cette activité commerciale se sont tournés vers d’autres voies pour poursuivre cet objectif, même si c’est moins visible, je suis heureux d’en faire partie.
    Bonnes fêtes de fin d’année, restons optimistes !

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  4. Bon courage au rescapé, et que les vents soient favorables aux autres.

    Dans tous les cas, si vous décidez d’ouvrir votre base produit, on est disponibles pour un coup de main… et on a surement aussi beaucoup à apprendre de votre expertise ès labels.

    Haut les cœurs et keep up the good work. 🙂

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  5. For ever… oui ! Déjà 7 ans que j’ai pris une autre route… moi qui n’ai pas la notion des dates, l’âge de ma fille qui correspond à quelques mois près à mon choix de me lancer dans une autre barque (galère ?), en solo, est un repère for ever.
    Vous étiez jeunes, insouciants, libres comme l’air. Moi, moi jeune, moins insouciante, moins libre, c’est ce qui a fait que l’on se complétait bien.
    Eco-sapiens a été mon écoleécoloéthiqueetéquitable. Vous avez été mes maîtres en matière de conso responsable. Vous restez des amis de coeur dans tous les cas, ici ou en IDF, en France ou en Asie, avec ou sans éléphants.
    J’espère une suite pleine de rebondissements en 2015, pas forcément celle imaginée au départ, mais une suite… il y a des enseignes qui feraient bien de se pencher sur la questions eco-sapiens pour en faire leur étendard éthique.

    For now and ever.
    Martine

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