Une boutique proposant des articles pour animaux de compagnie (laisse, tapis, jouets) nous a sollicités afin de référencer ses produits sur le guide eco-SAPIENS. Bien entendu, tout ceci est en coton bio ce qui justifie cette demande de partenariat.
De notre côté nous sommes restés perplexes. D’abord, nous sommes convaincus de la sincérité de la démarche. Mais aucun de nous n’ayant chien, chat, rat ou cochon (même si j’envisage d’acheter une chèvre…) nous ne sommes pas particulièrement sensibles à cette nouvelle thématique dans l’éco-consommation.
Nous avons donc décidé de lancer un sondage dont l’issue déterminera notre position. C’est aussi l’occasion pour ceux qui le souhaitent d’apporter leurs arguments pour et contre… mais aussi nuancés.
Notre entourage a trouvé l’idée très bonne, au point qu’il faudra la renouveler. Nous pensons en effet, comme nous l’avons déjà dit, que nous « n’avons pas le monopole de l’éthique ». Même si, à force, nous connaissons très bien le sujet !
Souvent, ce qui englobe toutes ces interrogations, c’est la notion d’utilité. Quand un objet devient-il un gadget àBaudrillard y consacrait un chapitre entier dans le cultissime « La société de consommation« .
Personnellement, au risque de choquer le sens commun, je pense comme lui que tout objet est acheté non pas pour son utilité mais pour son prestige social. Quand on dit qu’on achète quelque chose parce qu’on en a besoin, on ne dit pas grand chose. C’est une tautologie…
Une machine à laver, voilà qui peut paraître fort utile. Sauf que chacun pourrait soit aller à la rivière soit aller à la laverie. Dans le premier cas, nous aurions l’air marginal et vraisemblablement ridicule. D’un autre âge. Le regard social…
Dans l’autre cas, nous préférons éviter ce genre de salle commune ou alors nous prétextons que nous gagnons du temps en acquérant notre propre machine. Mais du temps pour quoi faire àAujourd’hui la modernité nous impose en quelque sorte de ne pas « perdre la face » à « perdre du temps sur la lessive puisque nous serions alors les seuls ».
Bref, la consommation c’est à la fois rejoindre le troupeau, mais c’est aussi bien sûr la possibilité de se distinguer. Le plus intéressant étant toujours la manière dont chacun tente de justifier un achat que l’interlocuteur trouve gadget.
Nous évoquons parfois ces symboles que nous appelons « anti-sapiens« .
Revenons aux laisses en coton bio. En quelques heures, une soaixantaine de personne ont déjà voté. Il semble qu’au-delà du rapport affectif avec l’animal (mon chat a droit au même soin que moi, une forme d’anti-spécisme) il y a surtout l’idée de soutenir une filière qui mérite de se développer. L’agriculture bio (alimentation, textile, cosmétiques) doit encore gagner du terrain face aux lobbies pesticides et OGM.
Dans cette adversité, nous pouvons donc compter sur nos 30 millions d’amis !
Toujours pas d’accord avec ce « fameux » exemple des machines à laver…
Mais je viens de mettre les mots sur mon désaccord. En effet, l’exemple de la machine à laver faisait peut-être sens dans les années 70, lorsqu’a été écrit ce livre, mais aujourd’hui, la machine à laver fait parti du paysage, est présente dans quasiment tous les foyers. Son achat ne relève donc pas d’un prestige ou d’un quelconque marqueur social. Quel meilleur exemple trouvé : le cadre photo numérique (trop extrême ?) Le débat est ouvert…
Il est souvent faux que tel type de produit soit acheté pour son prestige social (acheter une serpillière ou une ventouse pour déboucher les toilettes n’est pas spécialement prestigieux), en revanche il est peut-être plus juste que l’achat de tel produit en particulier, d’une marque et d’un niveau de gamme déterminés, soit influencé par le prestige social supposé (et généralement irréfléchi). Je dis « influencé » car assurément plusieurs facteurs jouent simultanément.
Par ailleurs les statistiques montrent qu’en france les gens ont de moins en moins honte d’aller faire leurs courses dans les hard discounter, ils semble donc faire fi du prestige social. Mais s’ils le font pour les produits de consommation courante, c’est pour mieux satisfaire leur besoin de prestige social avec d’autres types de produit. C’est assez logique puisque, dans un troupeau, tous les moutons broutent de l’herbe : en manger de la plus ou moins verte marque assez peu sa distinction, tandis que porter un manteau en poils de loup fait mouche.
Je ne vois pas bien où il y a tautologie « On achète quelque chose parce qu’on en a besoin » : le concept de besoin inclut-il celui d’achat ?! Il inclut sans doute celui de satisfaction, mais l’achat n’est qu’un moyen parmi d’autre d’accéder à la satisfaction. Le problème, c’est que l’utilité n’est souvent qu’une manière déguisée de justifier un besoin d’un autre ordre : tel produit a tel fonction technique, et donc répond à tel besoin pratique, mais on l’achète pour répondre à un besoin affectif ou autre, tout en prétextant de son utilité technique. Au final, on l’achète bien pour son utilité (càd sa capacité présumée à être un moyen pour satisfaire une certaine fin), mais cette utilité n’est pas forcément celle qu’on dit (ni même souvent celle qu’on croit).
1) Acheter une serpillière c’est une autre affaire. Il reste tout de même des objets/outils vraiemnt bien pensés (ainsi de l’économe, la porte, l’escalier…)
Là je parle d’un livre écrit en 1967 qui voit l’avènement de la société de consommation telle qu’on la connaît. L’irruption de l’électronique, de l’automatisme et du design est un phénomène plus récent que l’invention de la ventouse.
2) Sur les hard discount, je ne suis pas d’accord. Aujourd’hui, le prestige c’est d’être sur les « bons plans », le « pas cher ». D’où les succès de radins.com, ventes-privees.com
Je me souviens que place Saint-Michel à Paris, une foule effroyable faisait la queue car il y avait distribution gratuite d’eau minérale promotionnelle format 25 cl… et qu’il pleuvait.
3) Bien sûr qu’on peut assouvir un besoin (une satisfaction ?) autrement que par l’achat !
Merci de m’avoir obligé à fournir ces quelques précisions