« Sauver la planète »

Sauver la planète

« Sauver la planète », « sauver la planète »… c’est la ritournelle que j’entends à peu près sur toutes les ondes, que je lis sur tous les papiers. La formule fait mouche et j’en suis venu à me demander qui le premier à trouvé cela, quelle mouche l’a piqué.

Rimbaud disait « changer la vie » (Une saison en enfer) et l’expression semble on ne peut plus banale aujourd’hui. On ne peut même pas dire que c’est un cliché tant la vie est devenue effectivement quelque chose de changeable. On gère sa vie comme on gère une arrière-boutique.

Cette casserole ? Elle me change la vie !

Cette voiture ? Elle va sauver la planète !

Tout va finir par sauver la planète.
Quelques extraits véridiques glanés par ci-par là:

  • Manger du kangourou pour sauver la planète
  • Manger du chocolat pour sauver la planète !
  • HP va sauver la planète avec des batteries qui tiennent la route
  • Un film pour sauver la planète
  • Un an pour sauver la planète
  • Pour sauver la planète sortez du capitalisme (Hervé Kempf)
  • Dominer le monde ou sauver la planète (Noam Chomsky)

Le premier, je crois, à avoir vraiment popularisé l’expression, c’est le traducteur du livre d’Al Gore Earth In Balance en choisissant bizarrement la formule « sauver la planète Terre ».

Avant, l’on disait « protéger l’environnement« . On peut dire que le terme environnement est assez nombriliste (l’environnement c’est ce qui est autour de moi) mais qu’au moins protéger est un mot exempt de dimension messianique.

De même que l’on peut sauver l’ours polaire on peut désormais sauver la planète toute entière. Qu’est-ce à dire ? Que la planète est devenue une sorte d’entité dont nous nous sommes extraits. Le point de vue macroscopique, voire cosmographique nous en dit beaucoup sur l’évolution du langage.

Nous sommes devenus des sauveurs et pas des sauveurs de pacotille ! Ceux qui peuvent sauver la planète ! C’est pas rien.

C’est vrai qu’il y a urgence à « changer nos modes de vie » mais un tel registre ne traduit-il pas une approche quasi mystique. Car personnellement, en ne gaspillant pas, en mangeant bio, équitable et local, je ne me dis pas que je sauve la planète. Je me dis que j’essaie de lui être le plus léger possible. Que je suis plus dans le respect relevant de la bonne éducation et du bon sens que dans la mission salvatrice.

« Sauver le monde« , l’idée est excellente… et je la laisse bien volontiers aux prophètes.

Ainsi je propose comme nouvelle formule « soulagez la planète, soulagez votre prochain, soulagez-vous !« . Ce qu’il nous faut, c’est un véritable éloge de la légèreté ! Comment ça je suis lourd avec mes concepts tordus ?

PS: Tapez « sauver la planète » dans Big Google et vous aurez le site du supermarché Leclerc qui parle de ses marques repères (en général du discount…)

1 réflexion au sujet de « « Sauver la planète » »

  1. Bravo pour cet article Baptiste. Belle humilité. Être le plus léger possible c’est juste…. quoique même en faisant attention on est toujours dans l’excès. Mais où est la limite raisonnable? C’est tellement subjectif et mettre une limite objective est non seulement impossible mais dangereux pour notre démocratie. Voilà où est toute l’immensité du problème. Bonne journée.

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