J’ai appris la semaine passée que le 1er premier ministre de la France avait été proclamé homme de l’année 2009 par le Journal de l’automobile.
C’est classe tout de même quand j’y pense… homme de l’année en 2009, alors que tout semble se liguer contre ce symbole d’une mythique liberté : émissions de Co2, peak oil, pollution atmosphérique, congestion des villes, nappes d’hydrocarbures à la dérive sur les océans …
Mais voilà, il suffit qu’on parle de ce qui fâche et, hop, les herses du vieux 20ème siècle se lèvent pour défendre notre bonne vieille industrie nationale dont l’avenir est aussi radieux que le ciel le fut au-dessus du volcan Eyjafjallajokull. Et pour là rien de mieux que d’avoir sous la main un homme politique passionné d’automobile, qui ne s’en cache pas et peut même, par amour du sport, aller jusqu’à s’excuser de ses échecs :
« Je dois reconnaitre devant vous que je n’ai pas réussi, en tout cas pas encore, à ramener le grand prix de F1 en France. C’est pour moi un échec… sur lequel je n’ai pas dit mon dernier mot »
Et à écouter son discours, ponctué par ses bons mots et les rires virils de l’assistance, certains pourraient sûrement se laisser bercer des illusions d’évasion et de liberté que nous promettaient l’automobile du temps où elle semblait encore avoir un avenir…
Mais après les bons mots vient le temps des mises au point : toucher au symbole de l’automobile c’est nier la liberté individuelle. Et l’opposition entre passionné et détracteurs de cet objet fétiche nous donne droit à une jolie démonstration sans nuance conclue par une excellente définition du développement durable :
« Au fond derrière ce débat qui fait rage dans notre pays autour de l’automobile, autour de la question de l’environnement, on voit quand même deux conceptions de la société, deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent :
il y a ceux qui sont favorables à une sorte de forme de décroissance, de retour en arrière et peut-être même à une certaine forme de collectivisme, d’organisation de la société pour faire face aux dangers qui la menacent
et puis il y a ceux qui pensent que le Développement Durable, celui qui mise tout sur le progrès de la science, sur le progrès de la technologie, qui fait confiance à l’homme, qui fait confiance à l’individu nous permettra de relever les défis qui sont devant nous. »
Roulez jeunesse !
Face aux « deux conceptions de la société », j’opte pour la 3e 😉
La sagesse populaire dit que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Dans le cas de la bagnole, on peut au moins se poser des questions sur les conséquences ce grand élan de liberté.
Cela me fait penser au spot TV de Renault en début d’année, pour annoncer ses futurs véhicules électriques : la voiture avait apporté monts et merveilles à la société. C’est un point de vue, on dira.
Et puis, vous mettez bien en évidence le machisme incroyable qui semble coller à la voiture. Dans les pubs, dans les discours, dans les réactions aux discours. « Homme de l’année », bien sûr… Pas sûr d’adhérer à ce fonctionnement !