Comment surprendre encore dans le domaine de la littérature écologique ?
Aujourd’hui, de nombreux ouvrages paraissent, fort présentables et fort intéressants.
Rares sont ceux qui apportent de nouveaux éléments à la réflexion. Le plus souvent, ils dressent avec brio un état des lieux (cette actualisation est toujours de plus en plus angoissante: bois, poissons, pétrole, changement climatique, santé, perte du lien social…) qu’ils contrebalancent tout de go avec des exemples porteurs d’espoir (telle association au Brésil, telle industrie en Scandinavie, tel penseur aux Etats-Unis, tel agriculteur en France etc)
En fait, on peut presque dire qu’avec une poignée d’auteurs anciens (Gorz, Latouche, Meda, Baudrillard, Ellul), un peu de spiritualité et un peu de culture historique, on est en mesure de savoir ce qu’on ne veut plus et là où l’on veut aller.
La littérature spécialisée contemporaine permet juste de décliner en cas pratiques et parfois fort éloquents comment les problématiques se matérialisent. Des fois qu’on aurait besoin de preuves. Après tout, la disparition des poissons c’est dur à évaluer quand l’océan est à jamais opaque pour nos yeux…
Personnellement, si quelqu’un vient à me parler de la crise grecque, je ne peux qu’avoir un sourire malicieux. Voici donc le bouc-émissaire. Les Grecs-qui-paient-pas-d’impôts.
Quelques minutes auparavant, ce furent les agences de notation.
Un peu plus tôt les marchés financiers.
Et voici que nous boucs favoris, les Chinois-qui-savent-pas-bosser-et-qui-font-que-de-la-contrefaçon, sont devenus une nuit nos principaux sauveteurs.
Désolé mais sur moi, ca ne fonctionne pas !
Quiconque réfléchit un instant sur ce qu’est l’argent ne peut que constater qu’à l’instar de l’écologie, tout a déjà été dit (Aristote, Marx, Simmel, Mauss) et que ces méga-évènements financiers ne sont là aussi que des déclinaisons pratiques dans un monde où les hautes technologies permettent de décupler les effets.
Avant Ponzi escroquait 40 000 personnes pour 15 millions de dollars. Aujourd’hui Madoff tape le 65 milliards de dollars. 60 fois le capital d’Air France. Si si ! Vous avez vu 60 compagnies couler le jour où l’escroc fut écroué ? Non ? Normal.
Nous vivons dans un monde fini et il y a en tout et pour tout autant de créances que de dettes. Les concentrations furtives, les nodosités de capital n’ont pas d’autres vocation à re-circuler un jour ou l’autre. Seul souci: certains confondent la fin et les moyens et croient qu’il faut stocker l’argent. Or rappelons cette évidence… l’argent se sert à rien si l’on ne l’utilise pas au bout d’un moment…
D’ailleurs un méchant-actionnaire-toujours-plus-avide-de-rendement a souvent pour ambition de faire beaucoup de profit pour pouvoir ré-investir. Et accessoirement acheter une piscine chauffante d’intérieur…
Que vous possédiez une maison ou du cash, tout se résume à la confiance (le fameux fiduciaire – la foi). On vous donnera un équivalent cash pour votre maison que si la personne qui l’achète croit (crédit de credo) vraiment que cette maison nécessite un troc, certes amélioré.
Et bien entendu, il y a des niveaux de confiance qui semblent comme irréels. La faillite d’un état ? Quelque chose qui a existé dans une relative sérénité pendant des siècles peut soudain s’effondrer. La crise grecque aurait tout autant pu arriver il y a cinq ans, ou dans dix ans ou jamais.
Cela paraît irrationnel àAssurément ! Tout autant est irrationnelle la décision des marchés de lâcher le Grèce. Croit-on vraiment que des indicateurs techniques et objectifs permettent de dire « c’est maintenant qu’il faut passer à la caisse. »
L’humain garde encore une part d’irrationnel. Son rapport au futur l’est encore plus : angoisses, espoirs et volontés. Et que dire d’un groupe d’humains ? Plus encore ! D’un groupe d’humains tournés vers le futur. Complètement irrationnel. Forcément…
Il paraît plus sage d’accepter cette irrationalité. De reconnaître que l’argent permet simplement de contenir et de palper un peu de tangible dans cette irrationalité.
Il convient aussi et surtout, un moment donné, de retrouver sa lucidité, entrevoir de nouveau l’état d’égrégore qu’est l’argent. Et revenir in fine à la base. La politique ! A savoir : quel monde désirons-nous ?
Si la Nature, notre banquier en bout de chaîne ne peut fournir cette demande, il faut simplement revoir nos désirs. Ce n’est pas une parole en l’air que de dire que crise écologique et crise économique sont l’avers et le revers de la même pièce.
Et non pas partir du « de combien d’argent disposons-nous ? »
Bref, nous sommes aujourd’hui en train de compter nos pénates, vous savez ces dieux pétrifiés d’origine étrusque.
Compter. Trancher. Amputer. Vénérer. Craindre.
Là où il nous faudrait, pour dégager l’horizon, briser les statues.
Publicité familiale !
La maison d’éditions Le Cavalier Bleu sort une collection consacrée au développement durable et dénommée Edden (tout un programme).
Sabine Rabourdin étant co-fondatrice historique du site eco-SAPIENS, il est bien normal de recommander son livre qui est un formidable pensum sur l’énergie ! Je le sais, je l’ai lu ! Et en plus Le Monde en dit du bien !
Vers une nouvelle révolution énergétique ?
De tout temps, l’homme a été avide d’énergie pour satisfaire ses besoins… sans trop utiliser la sienne ! De la maîtrise du feu au Paléolithique à la non-maîtrise du nucléaire à Fukushima, le rapport de l’homme à l’énergie fut toujours placé sous le signe de la domination, économique, sociale ou politique.
Or, il est clair aujourd’hui que la course à la puissance énergétique est indissociable du chronomètre de la Terre et de la manière dont les hommes sauront prendre en compte ses limites.
Quelles options reste-t-il ?
Après le feu et la machine à vapeur, une troisième révolution énergétique semble aujourd’hui inéluctable.
Sera-t-elle dans la lignée des précédentes ou à contrecourant ?
Océane faisant un billet sponsorisé sur le label éco-emballage, je suis passé voir ce que eco-sapiens en disait…
« Quiconque réfléchit un instant sur ce qu’est l’argent ne peut que constater qu’à l’instar de l’écologie, tout a déjà été dit (Aristote, Marx, Simmel, Mauss) […]. »
Vu ce que je dis des deux premiers et de leur pensée matérialiste, tu sais que je ne souscris pas à « tout a été dit ».
« On vous donnera un équivalent cash pour votre maison que si la personne qui l’achète croit (crédit de credo) vraiment que cette maison nécessite un troc, certes amélioré. »
David Graeber écrit que le troc est une invention d’Adam Smith. Il n’y aurait pas d’exemple de société pratiquant le troc sur le long terme.
« Il paraît plus sage d’accepter cette irrationalité. De reconnaître que l’argent permet simplement de contenir et de palper un peu de tangible dans cette irrationalité. »
C’est le bon choix quand on fait de la politique de terrain je pense. Moi je préfère comprendre qu’accepter.
« Ce n’est pas une parole en l’air que de dire que crise écologique et crise économique sont l’avers et le revers de la même pièce. »
J’ai l’impression que ton texte suggère le contraire. Vrai crise, fausse crise.