Préface

Rimbaud à Harar en 1883
Rimbaud à Harar en 1883

Fait rare dans la poésie française et insolite en cette seconde moitié du XIXème siècle, la nature chez Rimbaud a une part prépondérante. Nature non statique, peu appréciée pour sa beauté convenue ou ses productions, mais associée au courant du poème où elle intervient avec fréquence, comme matière, fond lumineux, force créatrice, support de démarches inspirées ou pessimistes, grâce.

De nouveau, elle agit. Voilà ce qui succède à Baudelaire.
De nouveau nous la palpons, nous respirons ses étrangetés minuscules. L’apercevons-nous en repos que déjà un cataclysme la secoue. Et Rimbaud va du doux traversin d’herbe où la tête oublieuse des fatigues du corps devient une eau de source, à quelques chasses entre possédés au sommet d’une falaise qui crache le déluge et la tempête. Rimbaud se hâte de l’un à l’autre, de l’enfance à l’enfer.

Au Moyen Âge, la nature était pugnace, intraitable, sans brèche, d’une grandeur indisputée. L’homme était rare, et rare était l’outil, du moins son ambition. Les armes la dédaignaient ou l’ignoraient. A la fin du XIXème siècle, après des fortunes diverses, la nature, encerclée par les entreprises des hommes de plus en plus nombreux, percée, dégarnie, retournée, morcelée, dénudée, flagellée, accouardie, la nature et ses chères forêts sont réduites à un honteux servage, éprouvent une diminution terrible de leurs biens.

Comment s’insurgerait-elle sinon par la voix du poète ? Celui-ci sent s’éveiller le passé perdu et moqué de ses ancêtres, ses affinités gardées pour soi. Aussi vole-t-il à son secours, éternel mais lucide Don Quichotte, identifie-t-il sa détresse à la sienne, lui redonne-t-il avec l’amour et le combat, un peu de son indispensable profondeur.

Il sait la vanité des renaissances, mais plus et mieux que tout, il sait que la Mère des secrets, celle qui empêche les sables mortels de s’épandre sur l’aire de notre cœur, cette reine persécutée, il faut tenir désespérément son parti.

René Char

Pendant ce temps…

En effet Honest Timber Gabon a racheté en même temps que les sites industriels le droit d’exploiter 400.000 hectares de forêt primaire au Gabon.

Ces concessions situées au centre du pays dans la forêt des Abeilles et la réserve de la Lopé sont riches d’une biodiversité exceptionnelle en Afrique Centrale. Plusieurs espèces protégées y subsistent comme les éléphants, les gorilles, les chimpanzés, les singes soleil ; de nombreuses espèces végétales restent à décrire. La principale essence exploitée est l’okoumé qui permet de fabriquer du contreplaqué. Quand l’okoumé était exploité par la compagnie française Isoroy, ex-actionnaires de Plysorol, le regard extérieur des Organisations non gouvernementales (ONG) était toléré, ce qui permettait de réduire les abattages illégaux, le braconnage et la contrebande d’ivoire et d’autres parties d’animaux protégés.

(actualité du site Reporterre)

* Rimbaud, négociant de peaux et d’ivoire en Abyssinie, avait écrit en 1887 un texte dans une revue égyptienne pour « critiquer les affaires françaises dans la corne de l’Afrique ».
Ironie ironie…

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