Le besoin de nature sauvage

med-Visoflora-plantain-lanceole-831C’était début février, dans le pays diois, le terroir de la trop célèbre clairette. Là où le soleil, quand sa course hivernale est trop basse, ne peut dépasser cette encombrante montagne qui domine la ville.

C’était lors des rencontres de l’écologie au quotidien dont nous avons déjà parlé à l’époque. Une petite librairie itinérante qui, sous ses apparences bricolées, peut s’enorgueillir de la plus grande collection d’ouvrages consacrés à la nature. C’est la Bibliothèque de l’écologie. Montée et tenue depuis des décennies par Roland de Miller.

Dans « le besoin de nature sauvage » qu’il a écrit lui-même, il essaie de trouver ce qu’est et ce que représente la nature. Evidemment, quand on dit « nature », on ne parle pas des petits oiseaux et des arbres en cages

Le problème, c’est que cette confusion est de plus en plus prégnante. On part se ressourcer en forêt près de la ville, mais est-ce encore de la nature ?

« Ce que vous Occidentaux appelez environnement est ce qu’il reste de ce que vous avez détruit » résumait un chaman amazonien devant l’ethnologue Philippe Descola.

Ne nous y trompons pas, la nature « sauvage » en France n’existe quasiment pas. Peur du loup, haine de l’ours… deux symboles de ce que sont devenus les meilleurs représentants du monde sauvage.

L’homme domestique (étymologiquement, il ramène à la maison) peut-être plus pour se rassurer que pour tirer un bénéfice de son environnement. Si la nature a horreur du vide, les dernières décennies nous font nous demander si ce n’est pas plutôt l’homme qui a horreur de la nature.

En réalité, il s’agit plus de peur que d’horreur. Et le meilleur motif de la peur, c’est l’inconnu. Bref, la nature nous fait peur car elle nous est de plus en plus incompréhensible.

On pourrait crier au paradoxe dans ce monde où l’on mesure la fonte des glaciers au centimètre et où l’on dénombre les espèces animales et végétales à l’unité (le speci-men…). Bien entendu il reste des spécialistes (naturalistes, écologues, …) et c’est en échangeant avec eux que l’on réalise à quel point, avant d’aimer la nature, ils l’apprivoisent.

Aux amis qui passent, j’aime souvent montrer une herbe sauvage totalement banale pour leur demander « comment ça s’appelle ?« . Qu’il s’agisse de plantain ou même de la fleur du trèfle, la plupart sont incapables de sortir un nom mais ils reconnaissent qu’ils voient cela partout.

Il n’y a peut-être pas de lien. Mais je me dis parfois que si l’école pouvait au moins nous enseigner quelques rudiments pour nommer sommairement ce que l’on voit tous les jours autour de nous, on aurait l’impression non pas de connaître la nature, mais par la clé du langage, d’entamer le début d’un dialogue avec elle.

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